En quoi les maladies graves comme la dengue influencent-elles les stratégies de prévention ?

La dengue, une arbovirose virale transmise par les moustiques Aedes, affecte globalement, selon l'OMS, entre 50 et 100 millions de personnes chaque année. Cette maladie infectieuse, bien que souvent bénigne, peut évoluer vers des complications sévères comme la dengue hémorragique ou le syndrome de choc de la dengue, entraînant la mort, surtout chez les enfants et les personnes immunodéprimées. La menace constante de la dengue a engendré une évolution continue des stratégies de prévention de la dengue, adaptées aux spécificités de cette pathologie et aux défis posés par son épidémiologie, notamment les pics saisonniers et la résistance croissante aux insecticides.

Les efforts déployés pour la prévention de la dengue dépassent la simple éradication du moustique vecteur. Ils englobent une approche globale de la santé publique qui intègre les facteurs environnementaux comme l'urbanisation, les facteurs socio-économiques tels que l'accès à l'eau potable et les facteurs comportementaux qui favorisent la propagation de la maladie. Cette approche multidimensionnelle de lutte antivectorielle est essentielle pour réduire l'incidence de la dengue, protéger les populations à risque et optimiser les ressources limitées allouées à la santé publique.

Comprendre la dengue : implications pour une prévention efficace

L'élaboration de stratégies de prévention de la dengue efficaces repose sur une compréhension approfondie des mécanismes de la maladie, de son épidémiologie, et des facteurs qui influencent sa transmission. Une connaissance pointue de ces aspects permet de cibler les interventions de manière plus précise, d'optimiser l'utilisation des ressources, et de mieux évaluer l'impact des mesures mises en place.

Pathogenèse et immunité : le rôle des sérotypes dans la sévérité

La dengue est causée par quatre sérotypes distincts du virus de la dengue (DENV-1 à DENV-4). L'infection par un de ces sérotypes confère une immunité à vie contre ce sérotype spécifique, mais non contre les autres. Une infection secondaire par un autre sérotype de dengue peut conduire à une dengue sévère, un phénomène appelé Antibody-Dependent Enhancement (ADE). La dengue sévère, représentant environ 5% des cas, se manifeste par des hémorragies, une chute de la pression artérielle et une défaillance organique, requérant une hospitalisation rapide.

  • L'ADE complique le développement de vaccins tétravalents contre la dengue.
  • Les vaccins doivent induire une réponse immunitaire équilibrée contre les quatre sérotypes simultanément.
  • Une surveillance post-vaccinale rigoureuse est cruciale pour détecter les effets indésirables potentiels et suivre l'efficacité à long terme.

Une compréhension approfondie de ces mécanismes de pathogenèse et d'immunité est fondamentale pour concevoir des vaccins de la dengue efficaces et améliorer la gestion clinique des patients atteints de la dengue. La recherche de nouveaux traitements antiviraux et de stratégies de prévention innovantes est primordiale pour réduire la morbidité (nombre de personnes malades) et la mortalité associées à cette maladie infectieuse.

Épidémiologie de la dengue : facteurs de risque et zones à risque

La transmission du virus de la dengue est influencée par une multitude de facteurs, comprenant le climat, les caractéristiques de l'urbanisation (planifiée ou non), et les schémas de mobilité humaine. Les régions tropicales et subtropicales sont les plus touchées, mais la dengue s'étend graduellement vers de nouvelles zones en raison des changements climatiques et de l'augmentation des voyages internationaux. En 2023, plus de 4 millions de cas de dengue ont été recensés à l'échelle mondiale, soulignant la nécessité de renforcer la prévention de la dengue.

  • Un climat chaud et humide offre un environnement idéal pour la reproduction et la prolifération des moustiques Aedes, vecteurs de la dengue.
  • L'urbanisation rapide, souvent accompagnée d'infrastructures sanitaires inadéquates, crée des gîtes larvaires propices aux moustiques.
  • Les voyages internationaux contribuent significativement à la propagation du virus de la dengue entre les continents.
  • Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dengue est endémique dans plus de 100 pays.

L'évolution des schémas de migration et des déplacements de populations joue un rôle crucial dans la propagation géographique de la dengue. Par exemple, les bidonvilles densément peuplés des mégalopoles d'Asie du Sud-Est présentent des conditions idéales pour la reproduction des moustiques et la transmission du virus de la dengue. Des études épidémiologiques ont révélé que les populations migrantes peuvent introduire de nouveaux sérotypes du virus dans des zones auparavant épargnées, entraînant des épidémies plus importantes et plus sévères, et surchargeant les systèmes de santé locaux. Les autorités de santé publique doivent donc tenir compte de ces facteurs de mobilité pour adapter et cibler les interventions de prévention de la dengue.

Diagnostic de la dengue : importance d'une détection rapide et précise

Un diagnostic de la dengue rapide et précis est indispensable pour une prise en charge optimale des patients et pour une surveillance épidémiologique efficace. Le diagnostic précoce permet d'identifier rapidement les cas de dengue sévère et de mettre en place des mesures de soutien appropriées pour prévenir les complications, comme la dengue hémorragique ou le syndrome de choc de la dengue. Un diagnostic tardif ou erroné peut conduire à une aggravation de l'état du patient et augmenter le risque de mortalité.

  • Les tests virologiques, notamment la RT-PCR, permettent de détecter la présence du virus de la dengue dans les premiers jours de l'infection, avant l'apparition des anticorps.
  • Les tests sérologiques, comme l'ELISA, détectent les anticorps produits par le système immunitaire en réponse à l'infection, et sont utiles pour diagnostiquer la dengue à un stade plus avancé.
  • Les tests de diagnostic rapide (TDR) sont disponibles, mais leur sensibilité et leur spécificité peuvent varier, et il est recommandé de les confirmer par des tests de laboratoire plus performants.
  • Le coût d'un test de diagnostic de la dengue peut varier de 10 à 50 euros, selon le type de test et le pays.

L'accès limité à des tests de diagnostic fiables et abordables dans les zones rurales et à faibles ressources constitue un obstacle majeur à la lutte contre la dengue. L'amélioration de l'accès au diagnostic de la dengue et le développement de tests plus performants, rapides et faciles à utiliser sont des priorités pour les programmes de santé publique. La détection rapide des épidémies de dengue permet d'initier des mesures de contrôle ciblées, comme la pulvérisation d'insecticides et l'élimination des gîtes larvaires, et de réduire la propagation de la maladie.

Stratégies de prévention de la dengue influencées par ses caractéristiques

Les caractéristiques spécifiques de la dengue, notamment ses quatre sérotypes distincts, l'absence d'immunité croisée complète, et les facteurs environnementaux et socio-économiques qui favorisent sa transmission, ont façonné les stratégies de prévention de la dengue actuelles. Ces stratégies sont multidimensionnelles et visent à réduire l'exposition aux moustiques vecteurs, à améliorer le diagnostic de la dengue et la prise en charge des patients, et à renforcer la surveillance épidémiologique.

Lutte antivectorielle : l'approche la plus utilisée, mais avec des défis persistants

La lutte antivectorielle reste l'approche la plus largement utilisée pour la prévention de la dengue à l'échelle mondiale. Elle inclut l'élimination des gîtes larvaires de moustiques, le contrôle des populations de moustiques adultes, et la protection individuelle contre les piqûres de moustiques. Cependant, cette approche se heurte à des défis importants, comme la résistance croissante des moustiques aux insecticides, l'impact environnemental des produits chimiques utilisés, et la nécessité d'impliquer activement les communautés locales.

Contrôle environnemental : élimination des gîtes larvaires et assainissement

Le contrôle environnemental est une composante essentielle de la lutte antivectorielle, et vise à réduire les gîtes larvaires en éliminant les eaux stagnantes dans les récipients artificiels, les pneus usagés abandonnés, et d'autres objets susceptibles de retenir l'eau de pluie. L'amélioration de l'assainissement, de la gestion des déchets solides et liquides, et de l'accès à l'eau potable sont également essentiels pour prévenir la prolifération des moustiques et réduire le risque de transmission de la dengue.

  • Vider, nettoyer et retourner régulièrement les récipients contenant de l'eau (vases, seaux, bidons, etc.).
  • Couvrir hermétiquement les réservoirs d'eau potable pour empêcher les moustiques d'y pondre leurs œufs.
  • Éliminer correctement les déchets qui peuvent retenir l'eau, comme les pneus usagés, les boîtes de conserve, et les bouteilles en plastique.
  • Une simple capsule de bouteille remplie d'eau peut suffire à la reproduction de plusieurs centaines de moustiques en quelques jours.
  • Dans les zones urbaines densément peuplées, jusqu'à 80% des gîtes larvaires peuvent être trouvés dans les habitations.

Des solutions écologiques et durables peuvent être mises en œuvre pour la gestion des gîtes larvaires et la lutte contre les moustiques. Par exemple, l'utilisation de poissons larvivores (comme les gambusies) dans les bassins de rétention d'eau et les fontaines, et l'introduction de plantes aquatiques spécifiques qui inhibent la reproduction des moustiques, peuvent contribuer à réduire les populations de moustiques de manière naturelle et durable, sans avoir recours à des produits chimiques nocifs. La mise en place de campagnes de sensibilisation auprès des populations est essentielle pour promouvoir l'adoption de ces pratiques respectueuses de l'environnement et garantir leur efficacité à long terme.

Utilisation d'insecticides : efficacité, résistance et alternatives

Les insecticides sont utilisés pour tuer les larves de moustiques (larvicides) et les moustiques adultes (adulticides). Cependant, l'utilisation excessive et inappropriée d'insecticides peut entraîner une résistance chez les moustiques, réduire leur efficacité, et avoir un impact négatif sur l'environnement, en affectant les espèces non ciblées et en contaminant les sols et les cours d'eau. Il est donc crucial d'utiliser les insecticides de manière judicieuse, en suivant les recommandations de l'OMS et des autorités sanitaires locales, et de mettre en place des stratégies de rotation des insecticides pour retarder l'apparition de la résistance.

  • Les larvicides sont appliqués directement dans les gîtes larvaires pour tuer les larves de moustiques avant qu'elles ne deviennent adultes.
  • Les adulticides sont pulvérisés dans les zones où les moustiques adultes sont présents, notamment pendant les périodes d'épidémie de dengue.
  • La résistance aux insecticides est un problème croissant dans de nombreuses régions du monde, et compromet l'efficacité de la lutte antivectorielle.
  • Certains insecticides pyréthrinoïdes, couramment utilisés pour la lutte contre les moustiques, ont vu leur efficacité diminuer de plus de 40% dans certaines régions en raison de la résistance.
  • Le coût de la pulvérisation d'insecticides peut varier de 5 à 20 euros par habitation, selon le type d'insecticide et la superficie à traiter.

Les nouvelles technologies de lutte antivectorielle, comme l'utilisation de moustiques génétiquement modifiés (porteurs de la bactérie Wolbachia) et les pièges à moustiques intelligents, offrent des alternatives prometteuses à l'utilisation massive d'insecticides. Les moustiques porteurs de Wolbachia sont incapables de transmettre le virus de la dengue aux humains, et leur introduction dans les populations de moustiques sauvages permet de réduire la transmission de la maladie. Les pièges à moustiques intelligents attirent et capturent les moustiques de manière ciblée, en utilisant des attractifs spécifiques et des capteurs, réduisant ainsi l'impact sur l'environnement et les espèces non ciblées. Ces technologies sont encore en développement, mais elles pourraient jouer un rôle de plus en plus important dans la lutte contre la dengue dans les années à venir.

Protection individuelle : prévenir les piqûres de moustiques

La protection individuelle contre les piqûres de moustiques est une mesure de prévention de la dengue simple et efficace, qui peut être mise en œuvre par chacun. Elle comprend l'utilisation de répulsifs anti-moustiques, le port de vêtements longs et clairs, et l'installation de moustiquaires imprégnées d'insecticide dans les chambres à coucher. L'éducation et la sensibilisation du public aux mesures de protection individuelle, et leur promotion active, sont essentielles pour encourager leur adoption et réduire le risque de transmission de la dengue.

  • Appliquer généreusement des répulsifs anti-moustiques contenant du DEET (concentration de 20 à 30%) ou de l'icaridine sur la peau exposée, en suivant les instructions du fabricant.
  • Porter des vêtements longs et clairs, qui couvrent les bras et les jambes, en particulier aux heures de pointe de l'activité des moustiques (aube et crépuscule).
  • Installer et utiliser des moustiquaires imprégnées d'insecticide (deltaméthrine ou perméthrine) dans les chambres à coucher, surtout si les fenêtres ne sont pas équipées de grillage.
  • On estime qu'une moustiquaire imprégnée d'insecticide peut réduire de 50% le risque de piqûres de moustiques et de transmission de la dengue.
  • Le coût d'une moustiquaire imprégnée d'insecticide varie de 5 à 15 euros, selon la taille et la qualité.

Une campagne de communication ciblée, s'adressant à des populations spécifiques comme les enfants, les femmes enceintes, les voyageurs se rendant dans des zones à risque, et les personnes vivant dans des zones urbaines densément peuplées, peut être mise en place pour renforcer l'adoption des mesures de protection individuelle contre les piqûres de moustiques. Des messages adaptés, des visuels percutants, et des supports de communication multilingues peuvent être utilisés pour sensibiliser ces populations aux risques de la dengue et aux moyens de s'en protéger efficacement. La distribution gratuite de répulsifs anti-moustiques et de moustiquaires imprégnées d'insecticide aux populations les plus vulnérables peut également contribuer à réduire l'incidence de la dengue.

Vaccination : un outil de prévention complémentaire, mais complexe

La vaccination contre la dengue est un outil de prévention complémentaire important, qui peut contribuer à réduire la charge de la maladie dans les zones où elle est endémique. Plusieurs vaccins contre la dengue sont disponibles, mais leur efficacité et leur sécurité varient en fonction du sérotype du virus, de l'âge de la personne vaccinée, et de son statut immunitaire (antécédents d'infection par la dengue). La vaccination est recommandée dans les zones où la dengue est endémique, mais elle doit être utilisée en complément des autres mesures de prévention, comme la lutte antivectorielle et la protection individuelle. Les décisions de vaccination doivent être prises en concertation avec les autorités de santé publique, en tenant compte des données épidémiologiques locales et des recommandations de l'OMS.

  • Le vaccin Dengvaxia est approuvé dans plusieurs pays, mais son utilisation est limitée aux personnes ayant déjà été infectées par la dengue, en raison d'un risque accru de dengue sévère chez les personnes non immunisées.
  • Le vaccin Qdenga est un vaccin tétravalent, qui protège contre les quatre sérotypes du virus de la dengue, et peut être administré aux personnes ayant ou non été infectées par la dengue.
  • La vaccination contre la dengue peut entraîner des effets secondaires, généralement légers et transitoires, comme de la fièvre, des douleurs musculaires, et des maux de tête.
  • En 2024, le vaccin Qdenga est disponible dans environ 10 pays, et son déploiement est en cours dans d'autres régions du monde.
  • Le coût d'une vaccination complète contre la dengue (deux doses) peut varier de 100 à 300 euros, selon le pays et le vaccin utilisé.

La pharmacovigilance, ou surveillance des effets indésirables des médicaments, est essentielle pour garantir la sécurité des vaccins contre la dengue et maintenir la confiance du public. Une communication transparente et accessible avec le public sur les bénéfices et les risques potentiels de la vaccination contre la dengue est primordiale pour favoriser l'adhésion à la vaccination et maximiser son impact sur la prévention de la dengue. La recherche et le développement de nouveaux vaccins contre la dengue, plus efficaces, plus sûrs et plus faciles à administrer, restent une priorité pour la communauté scientifique et les organismes de santé publique.

Surveillance épidémiologique : un système d'alerte précoce contre les épidémies

La surveillance épidémiologique de la dengue est un pilier fondamental pour anticiper et contrôler les épidémies de dengue. Elle consiste à collecter, analyser et interpréter en continu les données épidémiologiques (nombre de cas, répartition géographique, sérotypes du virus, taux d'hospitalisation, taux de mortalité) pour détecter les foyers de transmission du virus, suivre l'évolution de la maladie, et mettre en place des mesures de contrôle ciblées, comme la pulvérisation d'insecticides et la sensibilisation des populations à risque. La surveillance épidémiologique permet également de suivre l'évolution de la résistance des moustiques aux insecticides, d'évaluer l'efficacité des stratégies de prévention, et de guider les décisions des autorités de santé publique.

  • La collecte de données épidémiologiques est assurée par un réseau de professionnels de santé (médecins, infirmiers, biologistes, épidémiologistes) travaillant dans les centres de santé, les hôpitaux, les laboratoires d'analyse, et les organismes de santé publique.
  • Les systèmes d'alerte précoce (SAP) utilisent des indicateurs épidémiologiques, climatiques, et environnementaux pour détecter les épidémies de dengue avant qu'elles ne se propagent à grande échelle, permettant ainsi de déclencher des interventions rapides et ciblées.
  • La modélisation mathématique et la simulation informatique sont utilisées pour prédire la propagation de la dengue, évaluer l'impact des interventions, et optimiser l'allocation des ressources.
  • L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reçoit chaque année des données de surveillance épidémiologique de la dengue provenant de plus de 100 pays, et publie des rapports réguliers sur la situation mondiale de la maladie.
  • Le coût de la mise en place et du maintien d'un système de surveillance épidémiologique de la dengue peut varier de quelques milliers à plusieurs millions d'euros par an, selon la taille de la population à surveiller et la complexité du système.

L'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) et du Big Data peut considérablement améliorer la surveillance épidémiologique et la prédiction des épidémies de dengue. L'analyse des données de recherche Google, des conversations sur les réseaux sociaux, des données de géolocalisation des téléphones portables, et des données climatiques peut fournir des informations précieuses et en temps réel sur la propagation de la dengue, et permettre d'anticiper les épidémies avec une plus grande précision. L'intégration de ces technologies innovantes dans les systèmes de surveillance épidémiologique peut renforcer la capacité des autorités sanitaires à réagir rapidement et efficacement aux épidémies de dengue, à cibler les interventions, et à protéger les populations à risque.

Facteurs socio-économiques et culturels : des déterminants essentiels des stratégies de prévention de la dengue

Les facteurs socio-économiques et culturels jouent un rôle déterminant dans la transmission de la dengue, dans la perception des risques associés à la maladie, et dans l'efficacité des stratégies de prévention. La pauvreté, le manque d'accès à l'éducation et aux soins de santé, les croyances et les pratiques culturelles, et les inégalités sociales peuvent influencer le comportement des individus et des communautés, et leur capacité à se protéger contre la dengue. Il est donc essentiel d'intégrer ces facteurs dans la conception et la mise en œuvre des stratégies de prévention de la dengue, afin de les rendre plus pertinentes, plus acceptables, et plus efficaces.

Pauvreté et inégalités : un cercle vicieux de la vulnérabilité

La pauvreté et les inégalités sociales sont des facteurs de risque majeurs pour la dengue, créant un cercle vicieux de la vulnérabilité. Les populations les plus pauvres vivent souvent dans des logements précaires, surpeuplés, et dépourvus d'accès à l'eau potable, à l'assainissement, et à la collecte des déchets, ce qui favorise la prolifération des moustiques et augmente le risque de transmission de la dengue. Elles ont également un accès limité aux soins de santé, à l'information sur la prévention de la dengue, et aux moyens de se protéger contre les piqûres de moustiques.

  • Le manque d'accès à l'eau potable oblige les populations à stocker l'eau dans des récipients ouverts, qui deviennent des gîtes larvaires pour les moustiques.
  • L'absence d'assainissement adéquat favorise la prolifération des moustiques dans les eaux usées stagnantes.
  • Le manque d'accès aux soins de santé retarde le diagnostic et le traitement de la dengue, augmentant le risque de complications et de décès.
  • Plus d'un milliard de personnes dans le monde vivent dans des bidonvilles ou des logements précaires, sans accès aux services de base.
  • Le taux d'incidence de la dengue est jusqu'à 10 fois plus élevé dans les zones urbaines pauvres que dans les quartiers résidentiels.

La mise en place de programmes de microcrédit et de subventions ciblées peut permettre aux familles les plus vulnérables d'améliorer leurs conditions de logement, d'accéder à l'eau potable et à l'assainissement, et de mettre en place des mesures de protection contre les moustiques. Par exemple, les microcrédits peuvent être utilisés pour installer des moustiquaires aux fenêtres et aux portes, pour réparer les toits qui fuient, pour améliorer l'assainissement, et pour acheter des répulsifs anti-moustiques. L'accès à l'eau potable et à l'assainissement est également essentiel pour réduire les gîtes larvaires et prévenir la propagation de la dengue.

Éducation et sensibilisation : un changement de comportement durable

L'éducation et la sensibilisation du public sont des éléments essentiels pour changer les comportements, promouvoir les mesures de prévention de la dengue, et renforcer l'autonomie des communautés. Il est crucial d'informer le public sur les modes de transmission de la dengue, les symptômes de la maladie, les mesures de protection individuelle et collective, et les services de santé disponibles. Les messages de prévention doivent être adaptés aux différentes cultures et langues, et diffusés à travers des canaux de communication variés et accessibles à tous.

  • Les campagnes de sensibilisation peuvent être menées à travers les médias traditionnels (radio, télévision, journaux), les réseaux sociaux, les affiches, les brochures, et les réunions communautaires.
  • Les leaders communautaires, les agents de santé communautaires, les enseignants, et les organisations non gouvernementales jouent un rôle important dans la diffusion des informations et la promotion des comportements préventifs.
  • Les outils pédagogiques innovants, comme les jeux éducatifs, les vidéos, les bandes dessinées, les applications mobiles, et les théâtres de marionnettes, peuvent être utilisés pour sensibiliser les jeunes générations à la prévention de la dengue de manière ludique et interactive.
  • Seulement 30% de la population vivant dans les zones endémiques de dengue connaît les modes de transmission de la maladie et les mesures de protection individuelle.
  • Une campagne de sensibilisation bien conçue peut augmenter de 20 à 30% l'adoption des comportements préventifs, comme l'utilisation de moustiquaires et l'élimination des gîtes larvaires.

Le développement d'outils pédagogiques innovants et adaptés aux différentes cultures et langues est essentiel pour sensibiliser les jeunes générations à la prévention de la dengue. Ces outils peuvent être utilisés dans les écoles, les centres de santé, et les communautés pour rendre l'apprentissage plus interactif, plus engageant, et plus efficace. La création de campagnes de communication ciblées, s'adressant à des groupes spécifiques de la population (femmes enceintes, enfants, voyageurs), peut également contribuer à renforcer l'adoption des mesures de prévention et à réduire l'incidence de la dengue.

Gouvernance et politiques publiques : un engagement à tous les niveaux

Une volonté politique forte, un financement adéquat, une coordination intersectorielle, et des politiques publiques fondées sur des données probantes sont essentiels pour lutter efficacement contre la dengue. La lutte contre la dengue doit être une priorité pour les gouvernements, les autorités locales, et les organisations internationales. Un financement suffisant doit être alloué à la prévention de la dengue, à la surveillance épidémiologique, à la recherche de nouveaux vaccins et traitements, et au renforcement des systèmes de santé. La coordination entre les différents ministères (santé, environnement, éducation, agriculture) et les différentes parties prenantes (organisations non gouvernementales, secteur privé, communautés locales) est indispensable pour mettre en œuvre des stratégies de prévention efficaces et durables. Les politiques publiques doivent être fondées sur des données scientifiques rigoureuses, des analyses épidémiologiques, et des évaluations d'impact, afin de garantir leur efficacité et leur pertinence.

  • La lutte contre la dengue doit être intégrée dans les plans nationaux de développement sanitaire.
  • Un financement adéquat doit être alloué à la recherche de nouveaux vaccins et traitements contre la dengue.
  • Les systèmes de santé doivent être renforcés pour améliorer le diagnostic, la prise en charge, et le suivi des patients atteints de dengue.
  • En 2023, les dépenses mondiales pour la lutte contre la dengue ont atteint 1 milliard de dollars, mais des investissements supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs de l'OMS.
  • Les pays qui ont mis en place des programmes de lutte contre la dengue efficaces ont enregistré une réduction de 50 à 80% de l'incidence de la maladie.

La mise en place de partenariats public-privé peut contribuer à mobiliser des ressources financières et des compétences techniques pour la lutte contre la dengue. Les entreprises pharmaceutiques, les fondations philanthropiques, les organisations internationales, et les universités peuvent collaborer avec les gouvernements et les autorités locales pour financer la recherche et le développement de nouvelles technologies de prévention et de traitement de la dengue, pour renforcer les capacités des systèmes de santé, et pour mettre en œuvre des programmes de sensibilisation et de prévention à grande échelle. Le renforcement des systèmes de santé, la formation du personnel médical, et l'amélioration de l'accès aux soins sont également essentiels pour réduire la mortalité liée à la dengue.

La dengue est une maladie complexe qui exige une approche multidimensionnelle et intégrée pour une prévention durable. En tenant compte des particularités du virus, des facteurs socio-économiques et culturels, et en adaptant les stratégies aux réalités locales, il est possible de réduire significativement l'impact de la dengue sur les communautés et de protéger la santé publique à long terme.